Bolinkoba, grotte (Abadiño, Biscaye, Espagne)

Description

La grotte de Bolinkoba s'ouvre à 430 m d'altitude sur la commune de Abadiño (Abadiano, Biscaye), dans la gorge d'Atxarte de la chaîne d'Anboto. Elle se trouve dans le mont Unzillitz, à 65 m de hauteur du rivage de l'Asuntze. Le porche de la grotte mesure 3 m de haut et 2,5 m de large, et donne accès à une galerie de 9 m, aboutissant à une salle de 5 m de long et 7 m de large.
La grotte a été découverte par J.M. de Barandiarán en 1931 et fouillée dans les années 1932-33 par lui-même et T. Aranzadi. La fouille a été divisée en quinze aires de travail numérotées I-XV. Les travaux ont été interrompus, comme d'autres, par la Guerre civile espagnole, qui a mené J.M. de Barandiarán à l'exil. La fouille ainsi que l'étude des vestiges récupérés ont été en conséquence abandonnées.
Ce n'est que dans les dernières années qu'une équipe dirigée par M.J. Iriarte-Chiapuso et A. Arrizabalaga (2015) a repris la fouille et précisé la séquence archéologique.
Bolinkoba présente une riche séquence allant du Gravettien jusqu'au Magdalénien et à l'Azilien. Néanmoins, les caractéristiques de la fouille ancienne ne permettent pas de connaître en détail le dépôt archéologique et d'en préciser la chronologie. Malgré ce fait, ce gisement demeure d'un grand intérêt pour la connaissance du Paléolithique de l'est de la région cantabrique, ainsi que pour ses rapports avec l'aire pyrénéenne (Iriarte-Chiapuso et Arrizabalaga 2012 : 205-216).

Iconographie

Le gisement archéologique de Bolinkoba a fourni treize objets d'art mobilier tout au long de sa séquence archéologique, appartenant à différentes phases du Paléolithique récent. Les problèmes de précision dans la séquence, déjà signalés par I. Barandiarán dans son catalogue d'art mobilier cantabrique (1973), ont pu être en partie résolus dans la révision récente (Iriarte-Chiapuso & Arrizabalaga 2015).
Six pièces ont été attribuées au Gravettien, quatre fragments de côte, une pointe de type Isturitz et un os d'oiseau ; ces pièces présentent un décor de série de courtes hachures perpendiculaires à l'axe longitudinal disposées sur les bords (fig. 2). Ce type de support, ainsi que le décor, est habituel du Gravettien pyrénéen, comme cela a déjà été signalé (San Juan-Foucher 2012).
Les pièces correspondant au Solutréen présentent plus de problèmes puisque des mélanges entre le niveau IV Solutréen et le niveau III Magdalénien inférieur ont été signalés (Iriarte-Chiapuso & Arrizabalaga 2015). Les pièces de ce niveau regroupent une crache perforée avec des crans latéraux très profonds et un poinçon* d'os à entailles interprétées comme la figuration d'une patte de cheval.
Du niveau Magdalénien inférieur cantabrique, on peut signaler quatre pièces, dont un poinçon orné de motifs non figuratifs et une sagaie* au décor interprété comme une figuration de bouquetin vu de face (fig. 2 ; Barandiarán Maestu 1973). Une révision récente de ce thème propose d'écarter cette figuration de l'ensemble des bouquetins en vue de face du Magdalénien supérieur, puisqu'elle ne possède pas les caractéristiques formelles propres à ce type de représentation (Rivero et al. 2014).
Enfin, on peut souligner les deux seules pièces à décor figuratif ; un compresseur orné de trois figurations de bouquetin et un autre compresseur avec une représentation d'isard (Apellániz 1986).

Représentation(s) d'animal(aux)

Les représentations de bouquetins dans la grotte de Bolinkoba sont au nombre de trois. Elles ont été inventoriées dès les premières études sur le gisement archéologique et le premier catalogue de l'art mobilier cantabrique (Aranzadi & Barandiarán Ayerbe (de) 1934, Barandiarán Ayerbe (de) 1950, Barandiarán Maestu 1973).
Les bouquetins présentent des caractéristiques techniques similaires qui se retrouvent sur un compresseur de quartzite présentant de nombreuses traces d'utilisation. Le galet provient du niveau III, Magdalénien inférieur. Sur une de ses faces, on distingue deux représentations de bouquetins presque complètes, orientées vers la gauche et disposées en frise (fig. 3). Celle située plus à gauche présente une tête imposante aux deux cornes longues dessinées d'un seul trait avec la double courbure caractéristique. On distingue une ligne cervico-dorsale prolongée d'une queue courte, la partie supérieure du train postérieur et la ligne du ventre. La ligne du poitrail se poursuit dans la patte avant. Une oreille pointue et un trait qui pourrait correspondre à la bouche sont les seuls détails figurés.
Le deuxième bouquetin, suivant le premier, présente plus de complexité formelle : ses deux cornes allongées, projetées vers l'arrière, sont plus longues que dans le cas précédent. La ligne cervico-dorsale se poursuit par la ligne des fesses. La tête se caractérise par un grand œil circulaire très représentatif, ainsi qu'un trait qui figure la bouche. La morphologie de la face est peu naturaliste, projetée vers l'avant et avec une barbiche dans la partie inférieure. On peut lire également la ligne du poitrail, une patte avant projetée vers l'avant et la ligne du ventre.
Au verso, on retrouve une figuration plus sommaire : deux cornes et une ligne cervico-dorsale semblent représenter un troisième bouquetin.

Animal(aux) emblématique(s)

Le bouquetin emblématique de Bolinkoba, le second du couple du galet (fig. 3 et Bolinkoba f.2), est une figuration particulière par ses caractéristiques formelles. Elle présente deux cornes très longues à double courbure, une tête projetée vers l'avant avec un grand œil et un trait figurant la bouche. On peut noter la particularité des cornes qui naissent de l'œil, ce qui est assez étrange dans l'art paléolithique. La ligne du poitrail est représentée avec plusieurs traits figurant le pelage. La patte avant est également projetée vers l'avant, ce qui donne l'impression d'un animal sautant.
Elle présente également une ligne cervico-dorsale qui se prolonge en une petite queue et la ligne des fesses, ainsi que la ligne du ventre.
Du point de vue technique, elle a été réalisée au moyen d'un seul ou de peu de passages de l'outil, qui ont généré une incision en « V » peu profonde.
Il fait partie d'une composition, avec le bouquetin légèrement plus petit qui le suit et les chevaux qui les entourent.

Références

Aranzadi & Barandiarán Ayerbe (de) 1934, Barandiarán Ayerbe (de) 1950, Barandiarán Maestu 1973, Apellániz 1986, Iriarte-Chiapuso & Arrizabalaga 2012, Rivero et al. 2014, ADES 2016, González Sainz & López Quintana 2018.

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Citer ce document

Rivero Vilá, Olivia; Salazar, Sergio 2022. Bolinkoba, grotte (Abadiño, Biscaye, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 31 Août 2023, consulté le 16 Avril 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6204

Citer le document original

Rivero Vilá, Olivia; Salazar, Sergio. Bolinkoba, grotte (Abadiño, Biscaye, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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Coordonnées géographiques *

43.1691, -2.63266

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* Pour des raisons de sécurité des sites archéologiques, les géolocalisations signalées dans la BJC pointent vers les mairies des communes considérées.