El Juyo, grotte (Igollo de Camargo, Cantabrie, Espagne)
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Description
La grotte d'El Juyo se trouve dans la vallée de Camargo, à proximité de la baie de Santander et du village d'Igollo. D'un développement de près de 200 m, elle comprend une zone vestibulaire renfermant un important gisement allant du Magdalénien inférieur, documenté par une séquence de plus de 3 m d'épaisseur, jusqu'au Haut Moyen Âge. C'est au cours de cette période que l'entrée principale s'est naturellement refermée.
Le reste de la grotte, qui comprend l'art pariétal, est labyrinthique, donnant accès à un niveau inférieur toujours actif. Géographiquement, la grotte d'El Juyo forme un ensemble avec les grottes d'El Mazo (Camargo), d'El Ruso (Igollo) et un peu plus loin d'El Pendo (Escobedo) qui toutes abritent des gisements paléolithiques.
La grotte et son gisement ont été découverts en 1953 par une équipe dirigée par A. Garcia Lorenzo, tandis que F. Quintana identifiait la première manifestation pariétale attribuable au Paléolithique (fig. 1a). Les fouilles, dirigées par J.G. Echegaray et P. Janssens entre 1955 et 1957, puis par L.G. Freeman et J.G. Echegaray entre 1978 et 1982 puis entre 1982 et 2000, ont conduit à la découverte d'une séquence complète du Magdalénien ancien cantabrique et à la mise en évidence d'aires d'activité et de structures au sein des niveaux d'occupation. Certaines ont orienté les interprétations du site comme lieu de culte ou sanctuaire, comme le niveau IV, baptisé « Sanctuaire du Masque » (Santuario de la Máscara). Par ailleurs, les niveaux sont riches d'une abondante collection d'industrie osseuse : on y distingue des pièces significatives comme des contours découpés ou des omoplates de cerf gravées ainsi que de nombreuses et remarquables sagaies.
Iconographie
L'ensemble pariétal d'El Juyo est très modeste, mais ne manque pas d'intérêt. La première figure découverte est une gravure très sommaire, interprétée comme une silhouette de quadrupède – peut-être de cheval – au corps très allongé et privé d'extrémités, situé dans la partie gauche du labyrinthe des galeries dans la salle des Gravures (Sala de los Grabados, fig. 1b).
Au fil des campagnes de fouilles ont été découvertes d'autres manifestations graphiques pariétales, comme de multiples tracés charbonneux abstraits dispersés au long des galeries et des gravures de type macaroni associées à une grande tache d'ocre rouge dans le vestibule où ont eu lieu les fouilles.
La dernière découverte date de 1999, à l'occasion d'une révision réalisée par l'entreprise GAEM pour le ministère de la Culture et du Sport, en vue du classement d'un ensemble de grottes des Cantabres. Identifié par J. Herrera et P. Smith, il s'agit d'un panneau gravé réunissant une tête de bouquetin en profil gauche et une biche en sens opposé. Cet ensemble assez visible et d'accès facile est situé dans la partie gauche du labyrinthe, comme la première découverte. La biche a la particularité de combiner plusieurs techniques (trait large à fond plat pour le contour, trait fin et aigu pour les détails, plus marqué pour les oreilles), et la différence dans l'investissement graphique et le rendu visuel entre ces deux figures lèse quelque peu le bouquetin.
L'association bouquetin-biche est connue à plusieurs reprises dans l'art pariétal cantabrique, mais parmi les cas attribuables au Magdalénien, le plus proche est sans doute celui de la Cueva Grande ou grotte de Los Corrales (Otañes, Castro Urdiales, Cantabrie) où un bouquetin affronte un cerf. Dans les deux cas, on retrouve la simplicité de réalisation (meilleure cependant à la Cueva Grande) et la modestie du dispositif figuratif, réduit à seulement deux sujets, qui constituent donc le panneau principal de chaque grotte.
Représentation(s) d'animal(aux)
La représentation de bouquetin d'El Juyo est une tête stylisée, avare de détails, si ce n'est ceux indispensables à l'identification : le frontal, à peine marqué et à l'arrière duquel se dessine un œil ovale, se termine par une corne, courbe et courte. Une seconde corne est attachée à une oreille trop grande. Le museau est court, marqué de deux petits traits qui dessinent le naseau et la bouche. Il se poursuit par un cou court et massif, à l'intérieur duquel des hachures légères peuvent suggérer le pelage. En profil gauche, la tête de bouquetin est séparée, par une fissure de la paroi, d'un protomé de biche avec lequel elle forme une composition.
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Citer ce document
Luis Serna Gancedo, Mariano 2022. El Juyo, grotte (Igollo de Camargo, Cantabrie, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir.
Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire,
"Dossier Bouquetin",
mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 21 Mai 2024, consulté le 22 Novembre 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6217
Citer le document original
Luis Serna Gancedo, Mariano.
El Juyo, grotte (Igollo de Camargo, Cantabrie, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir.
Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire,
2022, 654 p.
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Titre | Libellé alternatif | Classe |
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El Juyo fiche 01 |
Collections
Coordonnées géographiques *
43.42387885837939, -3.8547896772589123