Penches, grotte (Barcina de los Montes, Burgos, Espagne)

Description

La grotte de Penches se trouve dans la petite vallée du rio Penches, affluent de l'Ebre, à 880 m d'altitude. Elle est située entre les villages de Barcina de los Montes et d'Oña, au nord de la province de Burgos. Elle est également connue sous le nom de « Cueva de los Moros » ou de « Barcina » (Corchón 2002). C'est un site qui appartient au bassin de l'Ebre, comme Ojo Guareña, c'est-à-dire qu'il est séparé des grottes de Cantabrie par la cordillère cantabrique. La grotte est distante de 80 km de Covalanas et de 125 km de La Garma.
On doit à E. Hernández-Pacheco (1917) la première étude de la grotte et de ses gravures.
L'entrée de la grotte est très étroite. Elle s'ouvre au fond d'un petit vestibule de 2 m sur 3 m dans lequel une fouille, menée par E. Hernández-Pacheco, n'a livré aucun vestige préhistorique. Ensuite, la galerie, quasiment linéaire, est accessible sur 170 m de longueur. C'est une simple diaclase qui ne dépasse pas 2 m de largeur, creusée par une rivière souterraine dans une roche de calcaire crétacé. La galerie est aujourd'hui sèche et ne comporte pas de stalactites. La grotte a été fréquentée par les ours comme le montrent les nombreuses griffades relevées par E. Hernández-Pacheco, mais elle n'a jamais été un lieu d'habitat pour les hommes préhistoriques.

Iconographie

L'art pariétal de la grotte de Penches est monothématique : il ne comporte que cinq représentations de bouquetin, mais ces derniers présentent une distribution singulière (voir § suivant). La grotte a souffert de nombreux graffitis, et les traits des gravures ont été repassés, frottés et brouillés en plusieurs endroits.

Représentation(s) d'animal(aux)

Dans la publication princeps d'E. Hernández-Pacheco (1917), les bouquetins ne sont pas numérotés, mais nous l'avons fait pour cette présentation.
Quatre d'entre eux sont groupés à 40 m de l'entrée et constituent une véritable composition : deux groupes de deux bouquetins sont en vis-à-vis sur les parois de l'étroite galerie (fig. 2). Les sujets nos 1 et 2 se trouvent sur la paroi gauche, gravés l'un au-dessus de l'autre, à plus de 3 m de hauteur, sur une paroi accessible par une sorte de corniche qui est le vestige d'un ancien niveau effondré (fig. 1, section C). Ils sont tous les deux orientés vers le fond de la grotte et mesurent approximativement 30 cm. Le corps du capriné inférieur (no 1) est plus complet, avec un membre antérieur terminé en pointe et un ventre bombé. Il possède une corne unique à double courbure. Le bouquetin supérieur (no 2) n'est représenté que par la tête, l'encolure et la ligne dorsale. Deux longues cornes sont figurées en vision frontale, ce qui lui donne une apparence « archaïque » – un aspect encore accentué par la technique de gravure large et profonde. Les bouquetins nos 3 et 4 se trouvent juste en face, sur la paroi droite, à la même hauteur, l'un regardant vers la sortie et l'autre vers le fond. La corne du premier sert de ligne dorsale au second. Le bouquetin inférieur (no 3) est complet, alors que le bouquetin supérieur (no 4) se limite à la tête, à l'encolure et à une longue corne sinueuse (voir description dans la partie suivante). Malgré les différences de traitement, ces deux bouquetins sont fortement apparentés à ceux de la paroi gauche. Il y aurait même eu la volonté de représenter deux couples de bouquetins face à face sur les deux parois de la galerie de Penches : le bouquetin 4 serait de sexe indéterminable mais, selon Hernández-Pacheco (1917), il semble bien que l'auteur ait voulu figurer une femelle tandis que le bouquetin 3 est un mâle avéré. Les bouquetins de la paroi gauche seraient également un mâle (petit trait sous le menton, bouquetin 2) et une femelle (ventre rebondi bouquetin 1).
Enfin, vers 100 m de l'entrée, dans un léger élargissement de la diaclase, il existe, sur la paroi droite, près du sol, une cinquième représentation de bouquetin. Celle-ci est d'un style différent. Elle est peinte et gravée. Le contour, minutieusement modelé, est exécuté en traits fins et multiples. De la peinture noire, assez diffuse, complète la figure sur la tête, les cornes, l'encolure et le ventre.
Les similitudes formelles et techniques entre les quatre représentations du premier groupe sont telles que l'on peut supposer qu'elles sont de la même main, et cela malgré les différences dans le traitement des encornures et des membres. Le cinquième bouquetin, isolé à 60 m des autres, semble d'un style plus évolué. Pour E. Hernández-Pacheco (1917), les premières figures sont associées au Magdalénien inférieur, tandis que celle du fond relève d'un Magdalénien de type cantabrique plus évolué. Pour H. Breuil (1952b), l'ensemble appartient à un « Magdalénien probablement moyen », tandis que pour S. Corchón (2002), il serait Magdalénien supérieur.

Animal(aux) emblématique(s)

Nous considérons que les bouquetins nos 3 et 4 sur la paroi droite, à 40 m de l'entrée, sont les plus représentatifs de la grotte (fig. 3). Leur construction les rend inséparables. Le bouquetin inférieur qu'E. Hernández-Pacheco (1917 : 14) décrivait comme étant « très fruste et n'ayant rien de comparable aux autres figures des cavernes cantabriques » est au contraire d'un art très abouti, puisqu'il a deux pattes antérieures pourvues de sabots et deux pattes postérieures sans extrémités, mais avec une indication de perspective, celle du second plan n'étant représentée que par un trait. Une grande attention a été accordée aux détails anatomiques : oreille, barbiche, petite queue et même indication du fourreau.
L'esthétique de cet assemblage est très achevée, puisque l'animal a deux cornes à double courbure partiellement superposées et que l'une sert de ligne dorsale à un deuxième bouquetin tourné en sens inverse. Ce dernier est incomplet et moins soigné. Il est réduit à un avant-train avec une tête également pourvue d'un œil, d'une oreille et d'une corne à double courbure plantée au sommet du crâne.
Il est possible qu'il s'agisse d'un couple, bien que le sexe de la figure supérieure ne soit pas déterminable. Un long trait rectiligne qui traverse le poitrail de la figure supérieure représente sans doute une arme fichée dans le flanc de la figure inférieure.

Références

Hernández Pacheco 1917, Breuil 1952b, Ripoll Perelló & Grupo Edelweiss 1957, Corchón Rodríguez 2002.

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Citer ce document

Sauvet, Georges 2022. Penches, grotte (Barcina de los Montes, Burgos, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 14 Janvier 2024, consulté le 25 Avril 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6227

Citer le document original

Sauvet, Georges. Penches, grotte (Barcina de los Montes, Burgos, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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