Les Meravelles, grotte (Gandia, Valence, Espagne)

Description

La grotte de Les Meravelles est située à proximité du village de Gandia, dans la région valencienne. Il s'agit d'une cavité de 38 m de long pour environ 20 m de large qui s'ouvre sur le versant occidental de la Serra Falconera, à environ 250 m d'altitude. Elle possède trois porches d'entrée de taille réduite, globalement orientés vers le sud-ouest.
Connue sur le plan archéologique depuis 1865, elle a reçu la visite de l'abbé H. Breuil en 1913 et a subi ensuite trois phases de fouilles en 1932 (L. Pericot), en 1953 (E. Pla) et en 2005 (V. Villaverde et J. Cardona). Hormis la présence de matériel des époques moderne, romaine, ibérique et néolithique, on a découvert, dans une galerie latérale, en position stratigraphique, un matériel non négligeable attribué au Solutréen évolué et au Gravettien. Malheureusement, une grande partie du remplissage de la salle et du porche principal a été vidée dans le cadre d'activités agricoles.

Iconographie

Découvertes en 2005, les représentations pariétales de Les Meravelles sont, pour la plupart, situées à environ 10 m de l'entrée, dans une zone qui ne reçoit cependant pas d'éclairage de l'extérieur. Cette zone gravée est recouverte d'une mince couche de calcite qui ne permettait de voir que quelques figures dans le secteur central. Un long travail d'élimination mécanique de la calcite (réalisé par E. Guillamet) a permis de visualiser une zone d'environ 3 m2, comprenant un nombre important de gravures constituées de divers motifs figuratifs et géométriques (lignes parallèles, faisceaux de tracés curvilignes).
Des figures animales ont été décomptées (n = 22). Hormis un cheval situé sur la paroi droite de l'entrée de la cavité, toutes les figures sont localisées sur un panneau situé à 10 m de l'entrée. Elles se répartissent en trois secteurs : le supérieur, où l'on trouve un cheval et une figure incomplète d'un possible cerf ; le central orienté vers la droite, avec des chevaux (n = 4), des aurochs (n = 3), des bouquetins (n = 4), des cerfs (n = 3) et des indéterminés (n = 3) ; et l'autre central, orienté vers la gauche avec cheval (n = 1) et bouquetin (n = 1). Les figures du secteur central – où se concentrent la plupart des représentations – suivent deux plans préférentiels d'orientation : l'un horizontal, l'autre vertical, avec de nombreuses superpositions.
Sur l'ensemble des figures animales (n = 22), la majorité est tournée vers la droite (n = 17) et le reste vers la gauche (n = 5). Leurs longueurs sont comprises entre 200 et 400 mm.
Des datations par thermoluminescence ont été effectuées sur la calcite qui recouvrait les figures ; elles ont donné deux dates de 18 849 ± 3 023 et de 18 106 ± 2 534 ans, alors que la formation carbonatée de base sur laquelle ont été gravés les animaux a été datée de 32 735 ± 3 657 ans. Ces datations confirment la présence d'un art pariétal prémagdalénien dans la zone centrale de la façade méditerranéenne de la péninsule ibérique et la position chronologique des figures de Les Meravelles, confirmée aussi par la position de la gravure pariétale du Parpalló au sein du remplissage stratigraphique. Deux ensembles graphiques peuvent ainsi être reconnus à Les Meravelles en fonction du style des figures et de leur superposition. L'un pourrait être attribué au Solutréen évolué selon les concordances observées avec cette séquence au Parpalló, l'autre renverrait à des phases plus anciennes en raison de similitudes fortes avec les figures du Solutréen ancien de ce même gisement, et avec celles, gravettiennes, de nouveau du Parpalló, mais aussi du site de Malladetes.
Pendant la phase ancienne, la perspective des figures est biangulaire (perspective « tordue » de H. Breuil) ou en profil absolu ; les détails comme l'extrémité des pattes sont absents et le tracé, de type linéaire, respecte peu le modelé anatomique. La disproportion et la massivité du corps sont les principales caractéristiques de cette phase. Pendant la phase récente, le tracé rend davantage compte de la réalité anatomique ; une attention accrue est également portée aux détails, même si la disproportion et la schématisation restent des caractéristiques prédominantes.

Représentation(s) d'animal(aux)

Quatre représentations de bouquetins ont été décomptées à Les Meravelles. Toutes appartiennent au secteur central du panneau décoré (trois pour le secteur droit, une pour le secteur gauche).
Trois des bouquetins du secteur droit (dont l'emblématique) sont situés dans une même zone et présentent les mêmes caractéristiques stylistiques. Les trois sont gravés, orientés à droite et dessinés par un tracé simple et sommaire. L'un d'eux est limité à un protomé, de surcroît disproportionné par l'allongement exagéré du cou. Un second bouquetin montre également cette disproportion, marquée cette fois-ci entre la petite taille de la tête et l'allongement exagéré du corps. Une seule corne et une seule patte postérieure ont été figurées.
Le dernier bouquetin, du secteur gauche, est également en profil droit. Le trait gravé trace seulement la tête, les cornes et la ligne cervico-dorsale. L'encornure est représentée en profil absolu. Par son tracé plus profond et son association avec un cheval au style plus élaboré, cette figure relèverait plutôt du Solutréen évolué, mais l'absence de superpositions ne permet pas de valider formellement cette attribution.

Animal(aux) emblématique(s)

Le bouquetin emblématique de la grotte de Les Meravelles (fig. 2) est l'une des quatre figures du secteur central droit du panneau décoré. Il est disposé verticalement par rapport au sol, la tête dirigée vers le haut. Incomplet, il est tourné vers la droite. La gravure est fine, au trait assuré, mais sans grande attention portée au modelé anatomique. La tête a une forme globalement triangulaire ; elle ne marque pas la convexité de la mâchoire ni celle du front et est ouverte à son extrémité (museau). L'encornure reprend le tracé connu sous l'appellation « technique trilinéaire » : un trait qui dessine le chanfrein et l'une des cornes, un autre qui est la continuation de la ligne cervicale et trace la seconde corne, un troisième qui correspond à la mandibule. L'oreille est absente. La tête est levée, indiquant probablement une attitude d'alerte. Le cou est long et élancé ; le corps massif et mal proportionné. Le plus significatif, sur le plan stylistique, est le rétrécissement marqué dans la zone de contact entre le ventre et les pattes avant ainsi que la massivité de la croupe et du ventre. Les pattes antérieures sont représentées par deux lignes qui commencent par s'étrangler puis divergent en une position typique des figurations les plus anciennes du Parpalló. Malgré une exécution très simple, ce bouquetin est très expressif. Il constitue un bel exemple du style prémagdalénien ancien méditerranéen.

Références

Villaverde et al. 2009.

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Citer ce document

Villaverde, Valentín 2022. Les Meravelles, grotte (Gandia, Valence, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 21 Juin 2023, consulté le 23 Avril 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6251

Citer le document original

Villaverde, Valentín. Les Meravelles, grotte (Gandia, Valence, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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