En Melià, abri (Serra d’en Galceran, Valencienne, Espagne)

Description

Situé sur la rive gauche du Barranc de la Guitarra, dans le bassin du Millars, sur la commune de Serra d'en Galceran (province de Castellón), l'abri d'En Melià s'ouvre à 690 m d'altitude dans une falaise calcaire où se trouvent six autres abris décorés de même style et de même attribution chronologique. Il a été découvert par P.M. Guillem et F. Melià en 2001.
La paroi décorée, qui possède une forme de dièdre allongé, est longue de 8 m pour une hauteur de 4 m et un surplomb de 2 m. Les phénomènes de cristallisation de la surface rocheuse dans la zone de gauche et la formation d'une coulée de calcite ont contribué à la conservation des figures. L'abri ne renferme pas de dépôts sédimentaires. Les gisements épimagdaléniens les plus proches, avec lesquels se corrèle l'art d'En Melià, sont ceux de Sant Joan de Nepomucé (La Serratella) et du Mas-Blanc (Martínez Valle & Villaverde 2002).

Iconographie

Au total, on décompte un minimum de trente-cinq figures gravées de taille variable (de 5 à 25 cm de longueur). La technique utilisée est la gravure, superficielle ou profonde, donnant lieu parfois à des gravures striées de lignes parallèles d'aspect désordonné.
Les représentations s'étendent sur une longueur réduite d'environ 6 m. Elles se présentent, de gauche à droite, dans l'ordre suivant : une figure isolée (no 1, un cheval) puis, 2 m plus loin, un ensemble de neuf figures (no 2 à 10, cheval, zoomorphe indéterminé et divers signes linéaires). Un nouveau motif isolé (no 11) se trouve à 1 m de là et précède de 1 m un nouvel ensemble réunissant les dernières figures (no 12 à 35), parmi lesquelles on distingue la moitié antérieure d'un cheval, un bouquetin, un aurochs, un cerf (tous trois complets), ainsi que divers animaux incomplets, parfois limités à la partie antérieure, et de nombreux signes linéaires simples avec une prédominance de séries de lignes.
Au total, on décompte quatorze représentations animales et vingt-et-un signes géométriques. Les signes sont relativement simples : ce sont généralement des tracés linéaires isolés ou formant des faisceaux de lignes parallèles ou convergentes.
Deux modes de représentation peuvent être reconnus pour les figures animales. Le premier offre des figures à tendance naturaliste, même si les disproportions et les déformations sont fréquentes, notamment avec l'allongement du corps, rempli de stries couvrantes et peu soignées. La tête a alors une forme triangulaire avec un chanfrein concave, les oreilles et les cornes sont plutôt linéaires. Les pattes sont figurées en perspective tordue. Naturalistes à leur naissance (les antérieures en particulier), elles s'achèvent en lignes plus schématiques. Le second mode présente des images d'exécution plus grossière et simplifiée. Les corps sont oblongs, aux contours arrondis ou fusiformes, et les détails anatomiques disparaissent presque totalement. Les représentations de ce type sont situées aux marges des panneaux, alors que les figures plus naturalistes occupent une position centrale.
Parmi les figures naturalistes, on peut distinguer un ensemble de figures partielles, réduites à l'avant-train ou au protomé. Parmi celles-ci se trouvent une majorité de chevaux, mais également au moins un bouquetin, un cerf et un aurochs. Toutes les figures déterminables regardent à droite, alors que les plus schématiques tendent à être tournées vers la gauche.

Représentation(s) d'animal(aux)

Une seule représentation de bouquetin a été identifiée dans l'état actuel des recherches. Il s'agit d'un incontestable bouquetin (entité no 17, fig. 2), en profil droit, au corps allongé et au cou étroit, étiré vers le haut. La perspective tordue et l'articulation des différentes parties du corps par juxtaposition sont les traits emblématiques de cette figuration. L'animal est à l'arrêt, les pattes raides, obliques et tendues vers l'avant en une pause caractéristique. La tête est triangulaire, avec un chanfrein concave tandis que la mâchoire est convexe, mais sans modelé. Le bout du nez est pointu et le tracé reste ouvert. La corne la plus longue est gravée, en continuité du chanfrein, et constitue une des rares parties de l'animal dont le dessin offre un modelé. Malgré la simplicité des tracés, les deux oreilles sont figurées par de courts traits situés sur la nuque. Les pattes avant sont implantées de manière naturaliste, mais évoluent en tracés linéaires simples au-delà du genou. Les pattes postérieures sont plus réalistes et l'une d'elles semble s'achever par un sabot, bien que la lecture de ce secteur soit assez délicate. Le corps est largement couvert de stries, diversement orientées et réalisées sans précaution apparente. Le flanc, cependant, est un peu épargné par ce remplissage interne.
La figuration ainsi décrite offre un grand intérêt par rapport à l'évolution de l'art paléolithique. Ses caractères stylistiques trouvent des équivalences dans l'art mobilier du Magdalénien récent, ce qui suggère, pour l'art d'En Melià, une attribution à l'extrême fin du Paléolithique. La thématique, les associations des animaux et des signes géométriques, la répartition spatiale et la construction de l'ensemble gravé vont dans ce sens. Il n'est pas difficile de trouver des similitudes dans la tendance à la géométrisation, dans le recours à la perspective tordue et le remplissage interne des corps dans d'autres représentations également tardives des domaines français et italiens, en plus des exemples de la péninsule ibérique. L'art d'En Melià et des autres gisements de la même zone avec des figurations d'un même style, comme les abris d'Espigolar ou de Bovalar se distinguent de l'art du Levant par la thématique (la place importante du cheval et l'absence de figuration anthropomorphe), le nombre important de figures incomplètes, l'absence de scène et l'abondance de motifs non figuratifs. La technique et les conventions stylistiques témoignent en outre d'un rendu anatomique et de proportions très éloignés de ceux de l'art Levantin.

Licence

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Citer ce document

Villaverde, Valentín; Martínez-Valle, Rafael; Miquel Guillem Calatayud, Pere 2022. En Melià, abri (Serra d’en Galceran, Valencienne, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 21 Mai 2024, consulté le 9 Décembre 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6253

Citer le document original

Villaverde, Valentín; Martínez-Valle, Rafael; Miquel Guillem Calatayud, Pere. En Melià, abri (Serra d’en Galceran, Valencienne, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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