Coímbre, grotte (Besnes, Peñamellera Alta, Asturies, Espagne)

Description

La grotte de Coímbre (Besnes, Peñamellera Alta, Asturies), également connue comme grotte des Sorcières (Cueva de las Brujas), est située dans la moyenne vallée de la rivière Cares, dans la zone centro-occidentale de la région cantabrique. Plus précisément, elle se trouve dans la petite vallée formée par la rivière Besnes, à environ 800 m de sa confluence avec la rivière Cares, dans un environnement de moyenne et haute montagne entre le massif de Cuera (autour de 1 000 m d'altitude) et celui des Picos de Europa (culminant à plus de 2 000 m), tout en étant relativement proche de la côte atlantique actuelle.
La grotte de Coímbre, d'un développement de 3 200 m, est un réseau réparti en trois niveaux de salles et de galeries cumulant un dénivelé total de 78 m. Le gisement archéologique et les manifestations d'art rupestre sont limités à la Salle d'Entrée, dont le porche se trouve à 145 m au-dessus du niveau de la mer, et à certains de ses diverticules latéraux. Un gisement composé de deux ensembles sédimentaires est connu dans cette salle d'environ 60 m de long et 40 m de large. Jusque-là, les fouilles n'ont été entreprises que vers le fond de la salle, dans la zone B (Álvarez-Alonso et al. 2009, 2013).
Le 4 avril 1971, des gravures paléolithiques furent découvertes, et rapidement étudiées par A. Moure et G. Gil (1972, 1974). Les travaux restent inachevés et aucune fouille n'est réalisée. Entre 2008 et 2012, une étude complète de l'art pariétal et des fouilles archéologiques sont conduites sous la direction de D. Álvarez-Alonso et J. Yravedra. Elles mettent en évidence l'existence d'un riche gisement magdalénien avec plusieurs niveaux d'occupation, ainsi que des vestiges d'occupations gravettiennes (Álvarez-Alonso et al. 2009, 2011, 2013, 2014, 2016, Álvarez-Alonso & Yravedra 2017).
Coímbre est en zone montagneuse, à l'intérieur des terres. C'est à la fois un habitat important au cours de plusieurs phases du Magdalénien et une grotte ornée dont les œuvres sont contemporaines de cette période et, pour l'essentiel, séparées de la zone d'habitat et isolées dans des diverticules latéraux ou dans des secteurs confinés de la Salle. C'est un site spécialisé dédié à la chasse du bouquetin, qui représente plus de 60 % des vestiges osseux sur l'ensemble des niveaux depuis le Magdalénien inférieur jusqu'au Magdalénien supérieur.

Iconographie

La grotte de Coímbre renferme un ensemble pariétal varié réparti en quatre secteurs organisés sur deux niveaux : trois panneaux sont situés dans la salle d'Entrée (secteurs A, B et C du plan) et le quatrième dans le Camarin accessible par un boyau ouvert près de l'entrée de la salle.
L'iconographie – principalement des gravures fines et peu profondes – réunit quarante-deux unités graphiques, tandis que le dessin rouge est limité à quelques concentrations et ponctuations de couleur, très pâles et isolées dans la zone proche du Camarin, où est réunie la majeure partie des œuvres. Le support utilisé est la roche calcaire encaissante, parfois recouverte d'une fine couche d'argile, qui a permis que la gravure soit un peu plus large et profonde, et par conséquent plus visible. L'unique exception est le bison gravé sur un bloc excentré, proche de l'entrée de la salle d'Entrée. C'est la figure la plus spectaculaire de la grotte, faite de gravures larges et profondes.
Parmi les unités graphiques repérées (García-Diez et al. 2016), les thèmes principaux sont les motifs linéaires (n = 19 soit 45 %) et les motifs zoomorphes (n = 16 soit 38 %), les autres motifs étant des figures géométriques et des points peints. Les zoomorphes comptent des bouquetins (n = 4 soit 25 % des animaux), des chevaux (n = 3), des cervidés (n = 2), des figurations identifiables comme bouquetins ou biches (n = 2), des indéterminés (n = 3, dont 1 capriné possible), des bovidés (n = 2 dont 1 bison et 1 possible aurochs).
L'art mobilier, pour sa part, a livré une tête de cheval en contour découpé sur os hyoïde, découverte dans le niveau Co.B.2 du Magdalénien moyen.

Représentation(s) d'animal(aux)

L'étude réalisée dans le cadre des nouvelles recherches a permis la reconnaissance de toutes les figurations de caprinés (des bouquetins mâles en majorité), ainsi que d'une série de figures et de tracés sur lesquels subsistent des doutes quant à l'identification formelle.
La grotte de Coímbre offre au total quatre représentations de bouquetin : trois sont très évidentes, et une de moindre dimension pourrait n'être qu'une esquisse. Deux autres images pourraient être considérées comme des schématisations de bouquetins, mais leur lecture ne permet pas d'affirmer qu'il s'agisse de figuration animale. Deux dernières figurations, dont l'une est acéphale et l'autre porte des tracés rehaussant le cou, pourraient être des biches ou des bouquetins, sans que nous trouvions des éléments permettant une identification taxinomique.
Toutes ces représentations sont pariétales et réalisées avec des tracés gravés, fins et peu profonds. Mis à part une figuration schématique, toutes ces images sont réunies dans le Camarin du niveau inférieur (Secteur D), dans un espace confiné, d'accès difficile et limité à un nombre restreint de personnes. Toutes les figures du Camarin sont isolées et éloignées de l'espace quotidien du gisement archéologique.
Pour proposer une attribution chronologique de ces œuvres, on doit considérer que du point de vue technique et spatial, il n'existe aucun indice qui laisse penser que toutes les manifestations graphiques ne sont pas contemporaines. Mais également que, comme cela a été noté dès le début (Moure & Gil 1972, 1974), les caractéristiques stylistiques et techniques et les associations sont cohérentes avec le Magdalénien (probablement inférieur et/ou moyen, bien que ce dernier ne puisse être affirmé avec certitude). Tout indique que l'art de Coímbre est contemporain de l'occupation de la salle d'Entrée, comme habitat domestique, puisque la grotte a été occupée tout au long du Magdalénien de manières diverses et avec une intensité variable, mais sans qu'il soit possible aujourd'hui d'attribuer les œuvres à un niveau d'occupation particulier.

Animal(aux) emblématique(s)

De toutes les images animales identifiées à Coímbre, deux des bouquetins du Camarin inférieur (secteur D) sont les plus emblématiques. Ce sont les unités graphiques no 20 et no 37 (García-Diez et al. 2017, 2018).
Le premier bouquetin (unité graphique no 20) est localisé sur la paroi droite du Camarin, à 102 cm au-dessus du sol sur une surface légèrement irrégulière (fig. 2). C'est un bouquetin mâle, gravé de traits à section en « U », combinant un contour simple et des tracés multiples. L'image mesure 45 cm de haut et 29 cm de long. L'animal est figuré en profil droit et orienté vers le bas. L'auteur a représenté la ligne frontale, le chanfrein, la ligne maxillaire partiellement tracée, deux cornes en double courbure, une oreille, le naseau (un simple trait court à peine concave), un œil en forme d'ovale ouvert, la bouche, la barbe avec deux traits convergents placés sous le maxillaire, le poitrail, les antérieurs et l'amorce d'une ligne cervico-dorsale. Dans la partie médiane de la tête, quelques lignes se développent de la bouche vers le chanfrein en décrivant un tracé général concave. On peut les considérer comme l'indication de la variation de la couleur de pelage, puisque dans cette région anatomique, les caprins ont tendance à présenter une bande de couleur (variable d'une population à l'autre) différente du reste de la tête.
Le second bouquetin (unité graphique no 37) se trouve sur la paroi du fond du Camarin, à 86 cm au-dessus du sol (fig. 3). La paroi est verticale, un peu concave et légèrement irrégulière. Le sujet est orienté vers la droite et mesure 31 cm de hauteur et 27,5 cm de longueur. Il s'agit d'un mâle, gravé d'un trait simple de contour, de section en « U ». On peut lire la ligne frontale, le chanfrein, la ligne maxillaire, deux cornes longues et nettement courbes, un naseau fait d'une petite ligne concave, un œil ovalaire, la barbe indiquée de deux petits traits rectilignes et parallèles implantés sous la ligne de contour. L'image se poursuit avec le poitrail, l'amorce des antérieurs, la ligne de ventre jusqu'à l'aine, une patte postérieure, la fesse, la queue, faite de deux traits courts convergents, la croupe et la ligne cervico-dorsale.

Références

Moure & Gil 1972, 1974, Álvarez-Alonso et al. 2009, 2011, 2013, 2014, 2016, Álvarez-Alonso & Yravedra 2017, García-Diez et al. 2017, 2018a.

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Citer ce document

Álvarez-Alonso, David; García-Diez, Marcos; Yravedra Sainz de los Terreros, José 2022. Coímbre, grotte (Besnes, Peñamellera Alta, Asturies, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 14 Janvier 2024, consulté le 25 Avril 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6260

Citer le document original

Álvarez-Alonso, David; García-Diez, Marcos; Yravedra Sainz de los Terreros, José. Coímbre, grotte (Besnes, Peñamellera Alta, Asturies, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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