El Covarón, grotte (Parres, Asturies, Espagne)

Description

La grotte d'El Covarón se trouve au sud du village de Parres (commune de Llanes, Asturies). Elle est formée de deux abris contigus situés au fond d'une doline et possédant chacun un porche d'entrée de grande dimension. De nos jours, elle est située à environ 3 km de la côte.
On y entre par le seul porche praticable à l'heure actuelle (l'autre est un puits actif), en empruntant un passage étroit et haut (environ 2 m par 6 m) qui conduit à un vestibule de grande dimension. De cette salle vestibulaire partent trois galeries. Celle s'ouvrant à l'ouest, ascendante et très étroite, se termine au bout d'une dizaine de mètres par une ouverture à demi colmatée. Vers l'est partent deux autres galeries. La première est complètement inondée au bout de quelques mètres, tandis que la seconde, beaucoup plus haute, ne l'est que partiellement. Dans sa partie supérieure, à quelques mètres de hauteur en escaladant une coulée stalagmitique, on peut accéder à une courte galerie sèche de 22 m de longueur et d'une largeur moyenne de 4 m, qui se termine par un effondrement. Il s'agit peut-être d'un ancien accès comme semble le montrer la grande quantité d'os, de coquilles et autres matériels archéologiques présents sur le sol.
Bien que la première mention officielle de la présence de restes archéologiques date des années 1950 (Fernández Menéndez 1951), H. Obermaier décrivait déjà en 1932 dans un manuscrit la localisation d'un témoin dans une grotte portant le même nom, dans cette même localité. Ce n'est qu'en 1979 qu'une série de gravures profondes a été repérée près de l'entrée (González Morales 1980) et que, quatre années plus tard, P. Arias Cabal, C. Pérez Suárez et C. Martínez González ont découvert les figures de l'ensemble intérieur qui ne seront publiées que 10 ans après (Arias Cabal & Pérez Suárez 1993). De même, une lampe en grès, trouvée en 1992 par I. Grossi, a été publiée ultérieurement (Rasilla et al. 2010). Enfin, en 2013, une nouvelle révision a conduit à identifier de nouvelles représentations pariétales. Les résultats de cette dernière étude ont été publiés avec d'autres concernant des grottes de la Sierra del Cuera (Ruiz-Redondo & Gárate 2014).

Iconographie

On peut distinguer trois zones décorées à El Covarón. La première est située dans le porche de l'entrée actuelle, sur un panneau extérieur. Les motifs consistent en une série de gravures profondes, linéaires, non figuratives, comparables à celles d'autres grottes voisines (telles que Cueto de la Mina, Salmoreli, Peña La Morca) ou comme certains ensembles extérieurs du Nalón (González Morales 1980).
La seconde zone se trouve dans la grande salle vestibulaire. Les motifs sont de longues lignes verticales peintes en rouge, localisées sur de petits panneaux situés au-dessus de vestiges archéologiques encore visibles.
La troisième zone ou galerie des Peintures a été la première où ont été reconnus des motifs peints, d'où son nom (Arias Cabal & Pérez Suárez 1993). De plus, elle renferme la quasi-totalité du dispositif pariétal de la grotte. Dans cette zone, une série de figures zoomorphes de couleur noire se combine avec de nombreuses taches et un signe rouge complexe (scalariforme). Les figures animales comprennent 13 bouquetins, 4 cerfs, 1 cheval et 1 renne selon les derniers travaux publiés (Ruiz-Redondo & Gárate 2014). L'ensemble du décor d'El Covarón montre un usage bien différencié des techniques : la gravure n'est utilisée que sur le panneau extérieur ; les signes et autres éléments non figuratifs sont peints en rouge tandis que le noir est réservé aux figures animales. Toutefois, il faut souligner le mauvais état de conservation des représentations qui rend leur identification souvent difficile in situ, ce qui explique qu'aujourd'hui encore, on puisse découvrir de nouvelles figures.

Représentation(s) d'animal(aux)

Dans l'ensemble d'El Covarón, il n'y a pas moins de treize représentations de bouquetins, mais les difficultés d'identification liées à l'état de conservation expliquent les variations entre les différents inventaires : quatre figures de bouquetins seulement et deux possibles dans l'inventaire de 1993, contre quatorze identifiées en 2014 (dont une douteuse). Toutes sont peintes en noir et se trouvent dans la galerie des Peintures.
Le bouquetin est l'espèce la plus représentée. Elle fait partie de toutes les compositions qui, en général, n'intègrent que des bouquetins, à l'exception de deux panneaux : le IV.1 (nouvel inventaire) où les bouquetins se combinent avec deux cerfs et un renne, et le panneau III.1 où apparaît un cerf parmi les bouquetins (il y a également un cheval très isolé à l'extrémité inférieure droite du panneau). En dépit de leur difficulté d'interprétation, les représentations de bouquetins montrent des formes très variées et plus ou moins détaillées, depuis de simples contours de têtes à des figures complètes, montrant parfois une belle animation.

Animal(aux) emblématique(s)

Il s'agit du bouquetin Cvr III.1.12 (no 5 dans Arias Cabal & Pérez Suárez 1993). Il est situé à l'extrême droite du panneau III.1, sur la paroi gauche de la galerie des Peintures. Il se trouve un peu à l'écart de la composition principale. Représenté complet, en contour noir, il est orienté en profil droit, légèrement descendant, comme s'il cheminait le long d'une ligne de sol en pente (fig. 2).
Bien qu'elle soit la figure la mieux conservée de l'ensemble, il est très difficile d'en identifier tous les détails en raison des couches de calcite qui la recouvrent partiellement. Ce bouquetin possède au moins une corne, longue, dont la courbure est à peine sinueuse et un œil punctiforme. Il semble présenter une délimitation dans la zone ventrale, ainsi que deux traits plantés dans le dos, qui pourraient figurer des sagaies. L'animal présente deux antérieurs décalés et au moins un postérieur. Leur position semble indiquer un animal marchant ou plutôt descendant une pente, ce que confirmerait la tête portée basse et sa localisation par rapport à un bord naturel qui sert de ligne de sol. La figure a une longueur maximale de 40 cm et une hauteur de 36 cm.
Cette figure est sans doute l'une des plus remarquables de l'ensemble d'El Covarón en raison de sa conservation, de son association avec de possibles sagaies et de son animation coordonnée.

Références

Fernández Menéndez 1951, González Morales 1980, Arias Cabal & Pérez Suárez 1993, Rasilla et al. 2010, Ruiz-Redondo & Gárate 2014.

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Citer ce document

Ruiz Redondo, Aitor 2022. El Covarón, grotte (Parres, Asturies, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 21 Juin 2023, consulté le 29 Mars 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6261

Citer le document original

Ruiz Redondo, Aitor. El Covarón, grotte (Parres, Asturies, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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