Santo Adriano, abri (Santo Adriano, Asturies, Espagne)

Description

L'abri de Santo Adriano se trouve sur la rive droite de la rivière Trubia, un affluent du Nalón, près de la commune de Tuñón (Santo Adriano, province des Asturies). En amont, à moins de 2 km, se trouve la grotte d'El Conde et, face à celle-ci, sur l'autre rive, beaucoup plus haut, se trouvent les grottes de Los Torneiros, Cueva Pequeña et le Camarín de las Ciervas.
Santo Adriano est un petit abri de 7,50 m de long sur 4 m de large et 5,70 m de hauteur maximale, orienté plein sud. Son entrée se trouve à une distance de 22 m de la rivière et à 4,50 m du niveau de l'eau, le fond de l'abri étant 3 m plus haut, compte tenu du fait que la roche-mère a une forte pente ascendante vers l'intérieur. La projection du plan sur un axe nord-sud donne l'impression d'un espace praticable de quelque 30 m2 (fig. 1), mais l'abri n'est qu'une étroite fissure produite par l'érosion différentielle des plans de stratification fortement inclinés par l'orogenèse, avec une faible karstification.
Les gravures de la paroi ont été découvertes par J.M. Quintanal et le Groupe spéléologique d'Oviedo en 1994, et celles de la paroi ouest, pendant cette même année par J. Fortea (Fortea & Quintanal 1995), qui a réalisé l'étude et le calque des représentations (Fortea 2005).
L'inclinaison de la roche-mère et sa faible hauteur au-dessus du lit de la rivière expliquent que le dépôt archéologique ait été emporté ; seuls subsistent – à l'intérieur de fissures ou de cavités de la roche mise à nu – quelques ossements et pièces lithiques, certaines présentant un aspect moustérien.
Les gravures pariétales sont représentatives du second horizon graphique du Nalón qui comporte des éléments figuratifs attribuables au Gravetto-Solutréen (Fortea 1990, 1992).

Iconographie

Aujourd'hui, la lumière naturelle éclaire tout l'espace et ne laisse aucune zone dans la pénombre. Les gravures, de tracé profond, se trouvent sur les deux parois et représentent essentiellement des biches, mais également quelques bisons et des caprinés. Les figures les plus proches de l'extérieur sont directement exposées au soleil et la pluie atteint les deux premières de la paroi est.
Les représentations que l'on peut documenter avec certitude sont, sur la paroi orientale, des bisons (n = 3), biches (n = 10), capriné (n = 1) et signes angulaires ou fourchus (n = 6) et, sur la paroi occidentale, avec une moindre variété, des biches (n = 14), capriné (n = 1) et signes en croix (n = 2).
Le contenu figuratif de Santo Adriano, bien que relativement mineur, ainsi que son organisation topo-iconographique rappelle La Lluera-I (Fortea & Rodríguez 2007) : sur la paroi orientale apparaissent les thèmes de la biche, du bison et du bouquetin, tandis que sur la paroi occidentale, le dispositif est entièrement consacré à la biche, à l'exception d'un capriné.
Les figures entretiennent des relations de superposition ou de juxtaposition, mais on ne trouve pas à Santo Adriano le palimpseste de La Lluera-I, bien que les figures s'articulent, elles aussi, en fonction des accidents de la paroi. Ces accidents morphologiques ont conditionné ou ont été mis à profit par les graveurs, en particulier sur la paroi orientale, qui est divisée en deux plans sur lesquels ont été inscrites symétriquement des masses corporelles équivalentes.
Les animaux se caractérisent par une très grande simplicité formelle, jamais démentie, mais douée d'une forte expressivité. Deux représentations se détachent du lot. La première est une biche de la paroi occidentale représentée au début d'un saut. Dans l'art de plein air du Nalón et de toute la péninsule ibérique, il est difficile de rencontrer une figure qui exprime, avec une telle économie, mais aussi efficacement, la tension du saut. Son animation en fait un instantané cinétique. La seconde figure est l'un des bisons de la paroi orientale. C'est la plus impressionnante de Santo Adriano : elle exprime un réalisme intellectuel très éloigné du naturalisme, mais puissamment éloquent.

Représentation(s) d'animal(aux)

Les figures animales du Nalón expriment bien une caractéristique propre du style II de A. Leroi-Gourhan, qui est la massivité corporelle. Cela se reflète dans des figures aussi graciles et stylisées que sont les biches, dont la grosseur des corps de certaines et les cous très courts d'autres peuvent faire hésiter entre cette espèce et le bouquetin. De même qu'à La Lluera-I, les deux bouquetins gravés de Santo Adriano sont porteurs de critères discriminants qui permettent de distinguer les deux espèces : le prolongement de la ligne fronto-nasale au-delà de la longueur normale d'une oreille qui évoque plutôt une corne. Et, tandis qu'à La Lluera-I, le bouquetin apparaît tantôt avec des cornes courtes ou longues, à Santo Adriano, les deux exemplaires sont des versions complètes.
Le reste du corps est exprimé de façon synthétique, avec de simples lignes de contour enchaînées. Peu d'attention est portée aux pattes, qui sont figurées par des traits obliques jusqu'au niveau du sabot et toujours une seule par paire.
Étant donné la rareté de l'espèce à Santo Adriano, nous allons décrire brièvement les deux seuls bouquetins de l'abri.
Bouquetin no 12, paroi occidentale (fig. 2). La figure est presque complète, en profil gauche, gravée dans la zone de la paroi occidentale qui présente la plus forte concentration de figures. Elle est représentée très redressée, presque verticale, avec la tête tendue vers le haut, ce qui amène la corne à toucher le dos.
La ligne cervico-dorsale est continue, de la nuque jusqu'à la queue ; la patte postérieure n'est qu'évoquée, le ventre est gonflé ; la ligne de poitrail est rectiligne de la bouche jusqu'à l'extrémité de la patte antérieure. Une corne unique est représentée, longue, avec une légère inflexion, dans le prolongement de la ligne fronto-nasale.
Bouquetin no 15, paroi orientale (fig. 3). La figure est pratiquement complète, gravée en profil droit dans la partie gauche du panneau, au-dessus d'une biche qui regarde en sens inverse. Elle est représentée horizontalement suivant un schéma anatomique semblable à celui de la biche, bien que l'encolure soit très courte et le bout du museau rectangulaire. Elle présente une grande massivité corporelle qui, de façon plus ou moins prononcée, affecte la quasi-totalité des figures de l'abri. Les deux cornes sont dirigées vers l'arrière ; elles sont parallèles et de différentes longueurs : la gauche, courbe, s'inscrit dans le prolongement de la ligne fronto-nasale, tandis que la droite, plus courte, part de la zone de la nuque.

Références

Fortea 1990, 1992, 1994, 2000-2001, 2005-2006, Fortea & Quintanal 1995, Fortea & Rodríguez 2007.

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Citer ce document

Fortea Pérez, Javier; González-Pumariega Solís, María 2022. Santo Adriano, abri (Santo Adriano, Asturies, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir. Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire, "Dossier Bouquetin", mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 21 Juin 2023, consulté le 23 Avril 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6268

Citer le document original

Fortea Pérez, Javier; González-Pumariega Solís, María. Santo Adriano, abri (Santo Adriano, Asturies, Espagne) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir. Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire, 2022, 654 p.

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