Représentation du mammouth

Le mammouth est l’animal terrestre le plus imposant qu’aient connu les humains de la dernière glaciation. Pourtant, il n’occupe pas la première place dans leur art, distancé par le cheval, le bison, le cerf et le bouquetin. Ce statut un peu secondaire n’empêche cependant pas qu’on retrouve son image de la Sibérie à l’Espagne pendant plus de 20 000 ans aussi bien sur des objets que sur les parois des grottes. Au total, nous connaissons aujourd’hui environ 700 figurations de mammouths distribuées dans plus d’une centaine de sites archéologiques.

L’image du mammouth est d’abord une ligne de contour qui décrit à la fois, la trompe, la tête haute et le dos souvent voûté. Les membres, le pelage, les défenses, l’œil, voire quelques détails plus discrets, sont autant de précisions, apportées ou non à la représentation, sans en affecter l’essence. Les représentations de mammouths ne sont pourtant pas toutes identiques et des tendances se dégagent suivant les époques, les régions et les supports.

L’art des grottes livre le corpus le plus important avec environ 500 sujets distribués dans seulement 47 sites, principalement en France où le sillon rhodanien (Gard et Ardèche) et le Périgord-Quercy (Dordogne et Lot) regroupe l’essentiel des œuvres. A l’étranger, l’Espagne ne fournit que 6 figurations, tandis que l’Oural russe abrite une quinzaine d’images dans les grottes de Kapova et d’Ignatievka. Chronologiquement, on peut isoler deux ensembles. Le premier correspond à la phase plutôt ancienne de l’art paléolithique (Cultures aurignacienne et gravettienne) avec des sites majeurs comme Chauvet (Ardèche), Pech-Merle (Lot) ou Cussac (Dordogne) alors que le second est associé au Magdalénien moyen avec les grottes de Rouffignac, Font-de-Gaume, Combarelles ou Bernifal (Dordogne).

L’art mobilier est moins abondant avec environ 200 figurations dispersées dans une soixantaine de gisements depuis la Sibérie jusqu’à la Cordillère cantabrique. Parmi eux, une quarantaine ne livre qu’une figuration chacun quand, à l’inverse, les sites Kostienki (Russie), Gönnersdorf (Allemagne) et La Marche (Vienne) réunissent à eux seuls près des deux-tiers du corpus. Chronologiquement, les documents sont inégalement distribués dans toutes les phases culturelles, avec une forte contribution du Magdalénien (Gönnersdorf et La Marche). Pour cette période, les plaquettes gravées dominent largement et témoignent à nouveau du style magdalénien que l’on identifie aussi sur les sculptures en ronde-bosse qui ornent les crochets de propulseur de Canecaude (Aude) et Bruniquel (Tarn et Garonne). Cette dernière technique prévaut d’ailleurs à l’Aurignacien et au Gravettien (et ses équivalents en Europe orientale), produisant des statuettes de petites dimensions (quelques centimètres) peu détaillées dans lesquelles on reconnait le mammouth par son caractère massif et sa silhouette caractéristique. Pour cette époque, les sites d’Europe orientale dominent nettement, le gisement de Kostienki livrant une trentaine de figurines.

Frédéric Plassard, Docteur en préhistoire, UMR 5199 PACEA Université de Bordeaux

Citer ce texte : Plassard F. 2023, Représentation du Mammouth in : Averbouh A., Feruglio F. & Plassard F. Dir. Base Jean-Clottes, Les représentations animales de la Préhistoire (BJC), "Dossier Mammouth",  mis en ligne le 17 octobre 2023, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/page/representation-du-mammouth

Références utilisées

Plassard F.  2018, Les mammouths dans l'art des grottes. in : Cretin C. et Madelaine S. (dir.) - Mémoire de mammouth. Catalogue de l’exposition présentée au Musée National de Préhistoire du 30 juin au 12 novembre 2018. Edition Musée National de Préhistoire, Les Eyzies.

Paillet P.  2018, Les mammouths dans l'art mobilier. in : Cretin C. et Madelaine S. (dir.) - Mémoire de mammouth. Catalogue de l’exposition présentée au Musée National de Préhistoire du 30 juin au 12 novembre 2018. Edition Musée National de Préhistoire, Les Eyzies.