Témoignages

Témoignage R.G. Bednarik. Jean Clottes et l’étude de l’art préhistorique

Ce volume[1] est un hommage à Jean Clottes, un des plus remarquables chercheurs s’étant consacrés à l’étude de l’art pariétal à travers le temps. En tant que conservateur général du patrimoine au ministère de la Culture, il a perpétué la « dynastie » française – dont le premier représentant fut Henri Breuil et dans laquelle s’inscrivit plus tard André Leroi-Gourhan – et montré l’exemple en accompagnant la discipline dans une direction scientifique. Sa plus grande contribution à la recherche sur l’art pariétal furent probablement les programmes de recherche exemplaires qu’il dirigea à la grotte Cosquer, découverte en 1985 près de Marseille, puis à la Grotte Chauvet-Pont d'Arc, découverte en décembre 1994 en Ardèche. Ces deux sites ne sont pas seulement des représentants exceptionnels de l’art des cavernes du Pléistocène, mais ils se trouvent aussi parmi les sites d’art pariétal les plus rigoureusement étudiés dans le monde. Plus particulièrement, le projet de la grotte Chauvet s’est avéré être remarquable au vu des nouvelles connaissances qu’il a livrées et au regard des exigences de recherche de grande qualité qui y ont été développées depuis 1995. Sous la direction de Jean Clottes, ce programme est devenu un modèle, l’incarnation de l’excellence du travail de terrain. J’ai eu le privilège de pouvoir passer quatre jours dans la grotte en compagnie de Jean et d’apprendre de première main la méthodologie qu’il était en train de mettre en œuvre avec son équipe pluridisciplinaire sensationnelle.

La meilleure illustration du dévouement de Jean à ses projets se trouverait peut-être dans la manière d’aborder, en collaboration avec J. Courtin, l’exploration de la grotte Cosquer dont la galerie d’entrée de 175 m de long se situe à 37 m sous la surface de la mer alors qu’au Pléistocène, la grotte s’ouvrait bien au-dessus du niveau de l’eau. La plongée pour entrer dans la grotte aujourd’hui est si dangereuse qu’en 1991 trois plongeurs expérimentés y périrent. Jean ne pouvait accéder à l’intérieur de la caverne et il lui fallait diriger son exploration depuis un bateau via un lien vidéo. Frustré par cet empêchement, il avait réussi à apprendre la plongée à presque 60 ans juste avant de participer au congrès IFRAO de 1992 à Cairns en Australie. Au début des années 2000, il a plongé des dizaines de fois dans la grotte Cosquer sans être effrayé par le danger qu’il encourait. Sa détermination rappelle l’engagement et le courage des scientifiques du 19e siècle dont certains acceptèrent également de risquer leur vie et leur santé en se consacrant à leur travail.

Cette même année 1992, Jean créa la revue International Newsletter On Rock Art (INORA), une revue bilingue présentant chaque article en anglais et en français. Il a depuis fait paraître trois numéros annuels d’INORA qui constituent une véritable source d’information des nouvelles découvertes d’art rupestre à travers le monde. Ce travail d’édition s’ajoute à plus de 500 articles scientifiques et plus de 30 livres qu’il a écrits ou co-écrits.

L’engagement de Jean dans l’IFRAO, l’International Federation of Rock Art Organisations, fut particulièrement important et conséquent. En septembre 2010, il a organisé et présidé le 15e congrès IFRAO à Tarascon-sur-Ariège près de Foix. Il s’agissait de la première tenue en France de cet évènement. Le thème particulièrement bien choisi : « Pleistocene Art of the World », permit d’atteindre une participation record et marqua le début de la présidence de Jean Clottes à l’IFRAO. Mais, plus important encore : membre honoraire de la Fédération, il y jouit d'un respect unanime.

Jean Clottes a reçu de nombreuses distinctions. Il a notamment été fait Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres (1973), Commandeur dans l’Ordre National du Mérite (1991), Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques (2007) et Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur (2010). Mais il a été particulièrement touché par l’honneur que lui conférèrent les Touareg du Sahara occidental, où il avait travaillé à de nombreuses reprises : en 2007, il fût distingué Touareg honoraire et reçut le nom d’ Almawekil. On peut, sans surprise, le traduire par « Notre représentant respecté ». Il y a quelques années, lors d’une cérémonie touareg, Jean a confié son épouse à cette terre et à son peuple qu'ils ont, ensemble, tant aimés.

Jean Clottes est un homme plus grand que nature, il est un de ces rares chercheurs qui inspirent les générations suivantes, qui sont un exemple pour nous tous. Il est devenu une légende de son vivant. Ce livre lui est dédié.

Robert G. Bednarick, Professeur à l’université du Hebei (CN), Coordinateur de l’International Federation of Rock Art Organization (IFRAO), Melbourne, Australie

 

Citer ce texte : Bednarik R. G. 2021, Jean Clottes et l’étude de l’art préhistorique, In Averbouh A., Feruglio V., Plassard F. et Sauvet dir. Bouquetins et Pyrénées. Tome I De la Préhistoire à nos jours. Offert à Jean Clottes, conservateur général honoraire du Patrimoine, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence, PréMed, 7.

 


 

Témoignage J.-P. Giraud et J. Jaubert. Jean Clottes : des dolmens du Quercy à l’art rupestre universel, une vie de passion au service du patrimoine.

 

Cher Jean,

Vous nous l’avez rappelé plus d’une fois : « Quinze ans de plus avec François [Rouzaud trop tôt disparu et qui aurait eu sa place dans cet ouvrage], vingt avec Jean-Pierre et vingt-cinq avec Jacques ». Une manière de scander les générations, de se rappeler nos âges, de se respecter, de se forger des souvenirs communs et parfois complices, de mener nos carrières sans jamais se perdre de vue.

Au cours de nos jeunes années, vous êtes pour beaucoup d’entre nous un directeur des antiquités, responsable de chantiers qui se succédaient au rythme enviable de cette fin de XXe s. où la plupart des agents du ministère de la Culture passaient quatre à six mois de l’année sur des chantiers, souvent de sauvetage urgent, parfois des sauvetages programmés, rarement des fouilles programmées, du Pléistocène moyen au Premier âge du fer.

Nos rencontres, nous nous en souvenons comme si c’était hier et c’était pourtant deux ou trois décennies avant le terme du siècle passé.

Pour l’un (JPG), ce fut en juillet 1972 sur le chantier de Capdenac-le-Haut (Lot) codirigé avec Michel Carrière. Vous veniez d’être nommé au début de l’année précédente, directeur indemnitaire des antiquités préhistoriques (DAP) de la circonscription Midi-Pyrénées, alors que vous étiez encore professeur d’anglais au Lycée de Foix, engagé dans une thèse soutenue en 1975 à Toulouse sur les mégalithes du Lot. Vous succédiez dans la fonction à Louis Méroc, décédé un an plus tôt, un de ceux qui ont certainement orienté votre parcours en vous engageant à effectuer dès 1964 une fouille dans la grotte des Églises à Ussat (Ariège), laquelle vous amènera à ne plus guère quitter le Paléolithique supérieur – que nous préférons nommer de nos jours récent.

Pour l’autre (JJ), une visite du directeur de Midi-Pyrénées aux Fieux, attendu, un peu craint, chez votre ami Fernand Champagne en juillet 1976, année de sécheresse qui rendait le causse sec comme un coup de trique ; puis l’année suivante un stage dans le Chasséen, ou plutôt dans le Bronze final de Capdenac-le-Haut, car il fallait alterner les chantiers pour obtenir le diplôme de « fouilleur » délivré alors par le Ministère de la Culture.

Et pour nous deux Capdenac, mais aussi Coudoulous (Lot), ou encore dans le richissime magdalénien moyen d’Enlène dont la programmation en septembre raisonnait comme la récompense ariégeoise de fin d’année. Tout y était moins dur, les horaires décontractés et ces repas dans l’annexe du château de Pujol chez vos amis Robert et Jeanne Bégouën ; et un Jean inhabituellement relaxe en comparaison de son rythme quotidien lors de ses passages éclairs à la Dalbade ou sur les autres chantiers de l’année aux cadences réputées plus que tendues. Travailleur infatigable, vous y gériez les affaires courantes du service le dimanche, seul jour de repos accordé aux fouilleurs. L’âge aidant, nous avons percé le secret : tout tient grâce à la micro-sieste.

Jean Clottes appartient à cette seconde génération des directeurs des antiquités, celle qui aura eu la charge de professionnaliser la fonction, et cette première vague de nominations à plein temps en 1974 comme directeur des antiquités. Guidé par un inextinguible sens du service public – rassurez-vous c’était contagieux ! – vous vous êtes attaché à bâtir progressivement un service opérationnel, veillant à lui faire jouer un rôle à part entière, à y développer la recherche régionale, encourageant et apportant un soutien financier, mais aussi matériel aux archéologues préhistoriens de Midi-Pyrénées, aussi bien professionnels qu’amateurs. Nombreux ont été ceux qui virent le tube Citroën de la Circonscription apporter son lot de tubes de chantier, de bâches armées, de bacs Allibert, soutenant les équipes d’un point de vue matériel ou logistique. Autre temps.

Vous vous êtes concrètement engagé dans la protection du patrimoine archéologique, notamment par ce que l’on appelait alors l’archéologie de sauvetage, prolongeant l’action de vos prédécesseurs Louis Méroc et Georges Simonnet sur le site néolithique de Saint-Michel-du-Touch à Toulouse, qui vit passer votre équipe de fouille programmée de la grotte du Noyer (Lot). Outre de multiples sauvetages urgents, vous mobilisez le service pour ce qui fut une des plus importantes opérations de sauvetage programmée du midi de la France, celle du site néolithique de Villeneuve-Tolosane (Hte-G.) aux cotés de Jean Vaquer (CNRS), avec le regretté François Rouzaud et l’un de nous (JPG). À l’autre extrémité du spectre chronologique, vous faites alliance avec Eugène Bonifay, de 1978 à 1980, pour un sauvetage programmé sur le site pléistocène moyen de Coudoulous (Lot) repris bien plus tard par ceux qui étaient à l’époque de fidèles étudiants (JJ). Enfin, on dirigera ensemble (JPG) de 1982 à 1986 la fouille du site solutréen et badegoulien de l’abri du Cuzoul à Vers menacé par les travaux de réfection d’une route départementale au bord du Lot.

Convaincu de l’importance de la mission de recherche des services de l’archéologie, ne serait-ce que pour pouvoir jouer au mieux leur rôle de contrôle, dans une communauté où l’évaluation par les pairs est une règle, vous n’aurez de cesse de conseiller à vos collaborateurs de s’investir dans la recherche. Et en montrant l’exemple : du début des années 1970 à 1990, des fouilles dans la grotte d’Enlène et au Tuc d’Audoubert à Montesquieu-Avantès (Ariège) en collaboration avec Robert Bégouën, F. Rouzaud et l’un d’entre nous (JPG).

Cet investissement régional ne vous empêche pas de jouer un rôle important au plan national : Conseil supérieur de la recherche archéologique ou CSRA (désormais CNRA) de 1979 à 1995 et sa délégation permanente (1985-95) pour y défendre avec conviction l’archéologie préhistorique faisant entendre, comme on a pu le rapporter, la voix et l’accent du Midi.

Mais plus encore, et ce qui est mieux connu à l’international, c’est votre investissement dans la protection, la conservation et l’étude des grottes ornées qui vous assure une médiatisation constante, formidable promotion pour nos disciplines. Dès votre nomination à la direction des antiquités, la découverte fin 1970 du Réseau Clastres – lequel communique avec Niaux –, puis celle de la galerie ornée de Fontanet (Ariège), début 1972, vous confrontent au problème de la protection et de la conservation des grottes ornées et du subtil équilibre à établir entre protection, étude et accès public. Certes, c’est un milieu que vous connaissiez depuis longtemps pour avoir pratiqué la spéléologie dans votre jeunesse audoise (tous les préhistoriens en poste à Toulouse étaient audois !), mais, avec ces premières interventions dans des galeries jusque-là inexplorées, l’impérieuse nécessité de considérer les œuvres pariétales dans leur contexte naturel, anthropique et patrimonial s’impose désormais. Il s’agit alors de protéger dès la découverte d’une nouvelle cavité ornée de toute modification environnementale, y compris celle de leur propre étude. La préservation optimale des traces anthropiques (empreintes, traces charbonneuses, marques de passage, vestiges…) participe désormais à la contextualisation des œuvres pariétales et en éclairent le sens. Accompagnant cette politique archéologique et patrimoniale dans un contexte si original, c’est à Fontanet en Ariège que vous rencontrez François Rouzaud, initiateur de la paléospéléologie, que vous recrutez – entre autres – pour ses qualités de spéléologue. On le retrouve à vos côtés dans Niaux pour des missions de relevés au début des années 1980.

Mû par cette nouvelle passion des grottes ornées, nourri par une enviable expérience de terrain, « Jean Grotte », comme le surnomma un journaliste de La Dépêche du Midi, développe alors une expertise reconnue à l’international aussi bien pour l’authentification et l’étude des ensembles pariétaux que pour les mesures de conservation indispensables à la conservation pérenne de sites réputés si fragiles. Après avoir dirigé pendant vingt ans la circonscription des antiquités préhistoriques la plus étendue de métropole – et non la moins riche ! –, le Ministère de la Culture et de la Communication vous confie en 1991 une mission d’inspection générale, et de 1992 à 1999, un rôle de conseiller scientifique pour l’art pariétal auprès la sous-direction de l’archéologie. Un rôle d’expert auprès de l’ICOMOS et de l’UNESCO doublé d’un impressionnant réseau de collègues étrangers vous mèneront à travers le monde, de la Basse Californie à la Terre d’Arnhem, des sables du Ténéré au bush d’Afrique australe et, plus récemment, votre nouvel amour : l’Inde. Magnifique contribution au rayonnement de la recherche préhistorique française qui ne peut que rendre jaloux vos rares détracteurs. D’autres collègues dans les pages qui précèdent ou qui suivent, et qui sont devenus des amis, relatent cette boulimie rupestre hors frontières.

Plus à l’aise sous terre qu’en mer au large d’une calanque marseillaise, à un âge qui est pour la majorité celui d’une retraite paisible, vous passez un diplôme de plongée pour être – à notre connaissance – le seul spécialiste d’art préhistorique à avoir jamais admiré des dessins de pingouins provençaux in situ. Même à Marseille, aucune grotte ornée ne vous échappe. Idem en Charente quelques années plus tôt, toujours missionné par le Ministère et cette grotte martyr du Placard que vous rendrez site éponyme grâce à ses signes peints et gravés. Un appel d’offre pour l’étude de la plus célèbre grotte ornée ardéchoise nous donna l’occasion d’inverser les rôles le temps d’une audition (!) : vous avez su fédérer un collectif pluridisciplinaire pour faire basculer l’étude des cavités ornées dans le XXIe siècle. La première génération de travaux menés à Chauvet-Pont d’Arc restera pour longtemps une étape majeure de l’étude des grottes ornées. Heureux celles et ceux qui ont pu y œuvrer sous votre autorité naturelle. Laquelle étude ne peut plus désormais être le monopole de quelques-uns, encore moins d’un homme seul, comme ce fut si longtemps le cas. Leur étude ne peut en effet se concevoir que par la constitution d’une approche pluri et interdisciplinaire ambitieuse et le souci constant de la conservation la plus rigoureuse.

À titre personnel, collectif, institutionnel ou plus personnel, nombreux sont celles et ceux qui vous doivent tout ou partie de leur savoir, de leur parcours professionnel et de bien d’autres choses. Nous en faisons partie. Longue vie à vous et à vos passions qui ont transformé nos vies.

Jean-Pierre Giraud, Conservateur général du patrimoine honoraire, Collège archéologie, Ministère de la Culture.
Jacques Jaubert, Professeur des Universités, Professeur de Préhistoire, Université de Bordeaux, UMR 5199 PACEA,
33615 Pessac, France.

 

Citer ce texte : Giraud J.-P. et Jaubert J. 2021, Jean Clottes : des dolmens du Quercy à l’art rupestre universel, une vie de passion au service du patrimoine, In Averbouh A., Feruglio V., Plassard F. et Sauvet dir. Bouquetins et Pyrénées. Tome I De la Préhistoire à nos jours. Offert à Jean Clottes, conservateur général honoraire du Patrimoine, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence, PréMed, 11-13.

 


 

Témoignage M. Otte. Jean Clottes, la force et l’équilibre

Son rire, accentué par la rocaille méridionale, venait me rassurer aux fonds des galeries de Niaux, où tout était tendu vers la connaissance et la découverte. Les émotions, orchestrées par les jeux de sa lampe, faisaient trembler les dessins sur les parois. L’intuition me conseilla de ne pas en abuser, de ne pas me précipiter, mais de goûter aux mystères qui retombaient aussitôt dans l’éternelle obscurité. En l’absence de l’intention initiale, un intérêt particulier éveille pourtant l’attention portée sur ces dessins si profondément dissimulés. Telle fut la magie de la rencontre avec Jean Clottes, elle se prolonge encore.

Le goût du savoir et le plaisir de comprendre se trouvaient réciproquement confortés. Une esquisse de démonstration pouvait suivre ensuite, mais au seul titre de prétexte. Comme lui-même, les arguments de Jean Clottes étaient solides, donc convaincants. Un doute fructueux et actif semble le conduire, avec avidité et appétit, mais sans orgueil, seulement pour partager la joie. Par exemple, lorsque je lui appris la découverte d’une troisième plaquette gravée dans le Magdalénien de Chaleux, il m’annonça la millième, trouvée à Enlène. Il fallait savoir apprécier…

Toute son existence a été comblée par une succession d’aventures, des plus prestigieuses (grotte de Niaux en Ariège, grotte Chauvet- Pont d'Arc en Ardèche, grotte Cosquer dans les Bouches-du-Rhône) aux plus humbles comme les peintures domestiques du nord des Indes. Une enquête minutieuse, ethno-artistique, révèle les motivations, les circonstances et les narrations qui s’y illustrent. Une mythologie en activité se déroule sur les immeubles d’apparence anodine, et viennent toucher nos sensibilités les plus lointaines.

Partout, cette curiosité féconde et rigoureuse s’est ainsi propagée, du Yémen à la Californie : rien n’échappe aux langages des images. Cet univers prestigieux et inconnu a ainsi été anobli par la collection qu’il a dirigée au Seuil (Arts rupestres). Mais ils furent aussi décryptés en détails au fil des publications d’INORA, devenue la revue de référence mondiale en matière d’arts rupestres, bilingue (français, anglais), d’une classe et d’une rigueur incomparables.

Par sa détermination, par son enthousiasme inlassable, Jean Clottes, ne nous a pas seulement transmis les arts oubliés, il les a fait naitre sous nos yeux, pour nous les faire aimer.

Marcel Otte, Professeur émérite de Préhistoire, Université de Liège, Belgique, Directeur du Centre européen d'études paléolithiques

 

Citer ce texte : Otte M. 2021, Jean Clottes, la force et l’équilibre, In Averbouh A., Feruglio V., Plassard F. et Sauvet dir. Bouquetins et Pyrénées. Tome I De la Préhistoire à nos jours. Offert à Jean Clottes, conservateur général honoraire du Patrimoine, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence, PréMed, 321.

 


 

Témoignage S. Thiébault : une veille de Noël dans la grotte de Niaux avec Jean Clottes

L'un de mes plus beaux souvenirs.

Une nuit de train, un matin d’hiver froid, un ciel grand bleu, un morceau de pain trempé dans du café, la cuisine de Renée et Jean Clottes, et nous voici partis pour une journée dans la grotte de Niaux... Alors, jeune chercheuse spécialisée sur l’identification des fragments de bois utilisés et carbonisés par les préhistoriques, Jean Clottes m’avait invitée pour regarder s’il était possible de prélever, afin de les identifier, des microfragments de charbons de bois, qui auraient servi à tracer les représentations dans la grotte.

Une journée entière à ramper, à regarder, à s’engouffrer dans le réseau Clastres, rendu accessible grâce à des pompages afin de permettre de nouvelles recherches (en se demandant si le retour serait possible !), pour aller admirer non pas des bouquetins, mais 3 bisons, 1 cheval et le mustélidé et surtout s’émouvoir devant les traces des pieds des enfants de la Préhistoire, enfoncés dans l’argile du sol et à suivre les traces d’une fouine égarée.

Ressortie à la nuit tombée, le cerveau comme toujours enivré au sortir d’un voyage sous terre et dans le temps, je me retrouvais de nouveau dans une couchette direction Paris, serrant contre moi des micro-prélèvements de ce que j’espérais être des fusains identifiables.

Cette épopée prit fin, gare d'Austerlitz, sous les traits d’un contrôleur qui me secouait : nous étions arrivés, c’était un 24 décembre et Jean Clottes m’avait déjà offert un fabuleux présent.

Stéphanie Thiébault, Directrice de recherche au CNRS, Ancienne directrice de l'Institut Ecologie et environnement du CNRS (INEE)

 

Citer ce texte : Thiébault S. 2021, Une veille de Noël dans la grotte de Niaux avec Jean Clottes, In Averbouh A., Feruglio V., Plassard F. et Sauvet dir. Bouquetins et Pyrénées. Tome I De la Préhistoire à nos jours. Offert à Jean Clottes, conservateur général honoraire du Patrimoine, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence, PréMed, 323.

 

[1] Averbouh A., Feruglio V., Plassard F. et Sauvet dir. Bouquetins et Pyrénées. 2021, Tome I De la Préhistoire à nos jours. 2022, Tome 2, Inventaire des représentations du Paléolithique pyrénéen, Offert à Jean Clottes, conservateur général honoraire du Patrimoine, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence, PréMed, 413p. et 654p.