Mas-d'Azil, grotte (Mas-d'Azil, Ariège, France)
Description
La grotte du Mas-d'Azil, traversée par la rivière Arize, est localisée dans le piémont nord des Pyrénées, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Foix.
Fréquenté aux époques néolithiques et protohistoriques, ce gisement archéologique exploité depuis le milieu du xixe siècle est surtout célèbre en tant que site éponyme de l'Azilien, culture de la fin des temps glaciaires (Piette 1889, 1895). Il est également une référence européenne majeure pour la culture qui la précède, le Magdalénien, phases moyenne et supérieure (Delporte 1979). Les fouilles successives, au premier rang desquelles celles de É. Piette à la fin des années 1880, ont en effet permis de réunir une remarquable collection qui compte plusieurs chefs-d'œuvre de l'art mobilier de cette période (Piette 1907, Péquart & Péquart 1960, 1961a, 1961b, Clottes et al. 1981, Schwab 2008). L'Aurignacien – culture plus ancienne du début du Paléolithique récent – y a également été identifié (Péquart & Péquart 1960 : 161-166, Simonnet 1973) et récemment confirmé (Jarry et al. 2017).
Le Magdalénien fournit les occupations les mieux documentées. La rive gauche, large terrasse abritée par le porche sud, a livré de riches niveaux d'habitats magdaléniens. En rive droite, les observations récentes (Jarry et al. à paraître) confirment que si les aires de séjour se développent dans les étages supérieurs (Rotonde, galerie des Silex, plus accessibles et à l'abri des courants d'air froid), les étages inférieurs (salle Piette, galerie Rouzaud) apparaissent comme des zones de rejets. Des galeries profondes – la plupart d'accès difficile – ont permis la conservation d'œuvres pariétales. Leur fréquentation ne pouvait se confondre avec une activité du quotidien, au sein d'une grotte considérée comme un vaste site d'agrégation où se réunissaient, de manière saisonnière, différents groupes humains à des fins d'échanges (Conkey 1992).
Iconographie
Les premières découvertes d'art pariétal coïncident avec l'essor des recherches en ce domaine du début du xxe siècle. Alors qu'il poursuit les fouilles d'É. Piette, l'abbé H. Breuil identifie les premières gravures dès 1902 (Breuil 1903), avant qu'É. Cartailhac ne note d'autres œuvres pariétales (Bégouën & Breuil 1912-1913), elles aussi localisées dans le réseau supérieur de la grotte (secteurs de la galerie du Renne et du Masque, anciennement dite salle du Four par Breuil et Bégouën, publiée sous le nom de galerie du Masque par Y. Le Guillou (2017 : 6) dans un récent inventaire de l'art pariétal du Mas-d'Azil pour éviter erreurs ou amalgames). En 1912, H. Bégouën, ses fils et l'abbé H. Breuil découvrent les œuvres pariétales au fond d'une petite salle du niveau inférieur (op. cit.). C'est en effet là que, en 1937, désobstruant un passage bas, J. Mandement a débouché dans une galerie alors inconnue, ornée de nombreuses gravures et de quelques peintures qui deviendra ultérieurement la galerie Breuil (Vialou 1987 : 233). Les relevés n'en ont été réalisés que dans les années 1980 (Alteirac & Vialou 1980, 1984, Vialou 1987). Auparavant, la découverte par J. Mandement d'une autre galerie localisée celle-ci dans les étages supérieurs et connue aujourd'hui sous le nom de galerie des Silex, a conduit à la découverte d'un étroit boyau orné, la galerie du Bison.
Concernant le principal secteur orné constitué par la galerie Breuil, rappelons que son secteur A et les peintures rouges (plus rarement noires), ainsi que quelques gravures, ne sont pas directement datées ; toutefois, l'ensemble des spécialistes conclut qu'elles diffèrent par leur style des œuvres du reste de la galerie Breuil (Leroi-Gourhan 1971, Vialou 1987). On accède donc ensuite au secteur B en passant le passage bas désobstrué (voir supra). C'est dans cette partie de la galerie que se trouve l'essentiel des gravures et peintures (une trentaine parmi lesquelles plusieurs bisons, des chevaux, un cervidé, un félin, des poissons…), attribuables sans équivoque au Magdalénien moyen (Alteirac & Vialou 1980, 1984).
Mais l'art pariétal est remarquablement complété par un art mobilier exceptionnel et riche sur différents supports provenant pour l'essentiel des fouilles anciennes. La collection Piette est à ce titre la plus célèbre (Piette 1907, Péquart & Péquart 1960, 1961a, 1961b, Clottes et al. 1981, Schwab 2008).
Enfin, on ne saurait omettre les nombreux galets peints abstraits, issus des niveaux du Paléolithique final et dénommés à juste titre galets aziliens.
Représentation(s) d'animal(aux)
La majorité des représentations de bouquetins relève de l'art mobilier. Si la dispersion des collections rend difficile une étude exhaustive de cet art et de ses thématiques, on peut néanmoins constater que le bouquetin semble statistiquement bien moins représenté que le bison, le cheval ou encore les poissons. Les caprinés gravés ou sculptés sur le matériel du Mas-d'Azil sont généralement pourvus de nombreux détails anatomiques et présentent tous une grande maîtrise technique, notamment l'intégration des compositions aux différents supports.
En revanche, l'art pariétal du Mas-d'Azil ne fournit qu'une seule représentation de bouquetin, malgré la présence d'un bestiaire diversifié. Cette figure se trouve au fond de la galerie du Masque, petite galerie au plafond bas située dans les parties supérieures de la grotte. L'utilisation des reliefs naturels étant constante dans l'art pariétal du Mas-d'Azil – comme dans d'autres sites pyrénéens –, cette figure n'échappe pas à la règle. Une forme naturelle, semblable à une corne, a attiré l'attention du graveur qui, partant de celle-ci, a incisé le cou, la tête et l'œil de l'animal, ainsi que les anneaux de croissance de ladite corne. L'utilisation du relief de la roche produit l'illusion d'une sculpture à l'aide de la seule gravure. Cette magnifique tête de capriné est tournée vers la droite et n'est associée directement à aucune autre figuration animale, elle se trouve néanmoins proche du célèbre masque humain qui a donné son nom à cette galerie (Mas-d'Azil f.1).
Animal(aux) emblématique(s)
D'évidence, les bouquetins sculptés en bas-relief sur dent de cachalot sont les premières représentations emblématiques du site (fig. 2). L'un d'eux prend place sur une face, sur l'axe longitudinal, tête en haut, et l'autre, sur la face opposée, est transversal, tourné vers la droite (Mas d'Azil f.11 et f.12 et Poplin tome 1, cet ouvrage). Cette pièce est exceptionnelle par la maîtrise de l'intégration des formes des bouquetins au support, comme par l'origine de ce dernier, les restes de cachalot – comme d'autres cétacés – étant rares en zone franco-cantabrique (Tymula 1996).
Une autre représentation peut être considérée comme emblématique du site, celle d'un protomé de bouquetin, sculpté de face sur le fût d'un propulseur (Chollot 1964). Malgré la place réduite dont il disposait, le sculpteur a parfaitement rendu nombre de détails anatomiques, notamment les oreilles, les naseaux, les yeux et la barbiche pour la tête (Mas d'Azil f.8).
Références
Licence
Droits
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Citer ce document
Azema, Jacques; Jarry, Marc; Pallier, Céline; Bruxelles, Laurent; Bon, François 2022. Mas-d'Azil, grotte (Mas-d'Azil, Ariège, France) in : Averbouh A., Feruglio V. & Plassard F. Dir.
Base Jean Clottes - Animal Representation, Les représentations animales depuis la Préhistoire,
"Dossier Bouquetin",
mis en ligne le 28 Septembre 2022, actualisé le 21 Mai 2024, consulté le 21 Novembre 2024, https://animal-representation.cnrs.fr/s/bjc/item/6183
Citer le document original
Azema, Jacques; Jarry, Marc; Pallier, Céline; Bruxelles, Laurent; Bon, François.
Mas-d'Azil, grotte (Mas-d'Azil, Ariège, France) in : Averbouh A., Feruglio V., Plassard F., Sauvet G. Dir.
Bouquetins et Pyrénées - II - Inventaire des représentations animales du Paléolithique pyrénéen. Offert à Jean Clottes, Conservateur général du Patrimoine honoraire,
2022, 654 p.
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